Bien que méconnue des assurés, la reconnaissance d’une maladie professionnelle est pourtant bénéfique à plusieurs niveaux, sous réserve que la CRT (Commission des relations du travail) accepte la demande de reconnaissance. Un régime particulier existe pour les travailleurs ayant été exposés à l’amiante par exemple. Malheureusement, cette reconnaissance n’est pas toujours acquise de plein droit et les assurés peuvent rencontrer des difficultés dans leurs démarches.
Des obstacles administratifs et des démarches décourageantes
Déclarer une maladie professionnelle relève parfois du parcours du combattant administrative.
En France, le procédé est long et fastidieux, demandant un nombre important de documents à rassembler et de preuves à fournir. Les formulaires à remplir sont jugés ardus, et il n’est pas rare que des erreurs ou omissions se glissent dans le dossier, entraînant un retard aggravant. Les travailleurs doivent souvent faire face à l’employeur, à la Sécurité sociale, aux services médicaux spécialisés… Un véritable parcours du combattant qui peut vite entamer la motivation de ceux qui souhaitent faire reconnaître leur pathologie.
De plus, le manque d’accompagnement tout au long de cette procédure peut laisser les travailleurs dans l’incertitude.
Bien que certaines structures soient disponibles pour apporter leur aide (services de santé au travail, syndicats…), ce n’est pas le cas pour tous les travailleurs qui ne connaissent pas forcément ces ressources ou n’y ont tout simplement pas accès. L’absence d’une aide claire et accessible nuit au succès d’une telle démarche alors qu’il s’agit de la santé et du bien-être de l’individu.
Pour couronner le tout, les délais pour traiter ces demandes peuvent être très longs. Les travailleurs se retrouvent dans l’attente d’une réponse sans pouvoir réellement agir ni anticiper une éventuelle sortie positive. Une période souvent synonyme de stress et d’anxiété où les personnes concernées doivent gérer leur pathologie tout en continuant à travailler. Une situation qui peut amener les personnes concernées à se sentir dévalorisées voire victimes d’injustice.
La possible portée sur la carrière professionnelle
D’abord, signaler une maladie professionnelle n’est pas sans répercussions sur la carrière du salarié.
Malgré le fait que protéger le travailleur est un droit fondamental, certains employeurs peuvent voir cette démarche d’un mauvais œil et créer des tensions au sein de l’équipe ou même discriminer le salarié qui a déclaré sa maladie. Celui-ci peut se sentir mis à l’écart ou stigmatisé, ce qui impacte son moral et sa motivation.
Il ne faut pas perdre de vue que les conséquences varient selon beaucoup de paramètres, notamment en fonction de la structure de l’entreprise et du secteur d’activité. Il est donc intéressant d’explorer les différentes issues que peut engendrer la déclaration d’une maladie professionnelle :
- Tensions relationnelles : Le collègue qui a déclaré une maladie professionnelle peut être perçu comme un “risque” ou un “fardeau” par ses partenaires, ce qui peut créer des tensions.
- Évolution de carrière : Certains employés peuvent avoir moins accès aux promotions ou des augmentations sous prétexte que leur état de santé rend leur poste plus complexe.
- Stigmatisation : La peur d’être étiqueté “malade” peut amener certains salariés à cacher leur handicap ou leur maladie appropriée, générant un stress important au quotidien et détériorant leur bien-être.
- Modifications du poste : Certaines réorganisations de service peuvent être imposées aux équipes, parfois sans concertation, ce qui peut transformer la perception qu’un salarié a de son poste dans l’entreprise.
- Impact psychologique : L’angoisse face à des éventuelles représailles du supérieur ou d’autres complications à venir peut mener à un état de stress chronique, avec des conséquences graves sur la santé mentale du salarié.
Ainsi, la peur d’être confronté à ce type de situation ou à d’autres complications dissuade certains travailleurs de déclarer une maladie professionnelle. Ils craignent notamment pour leurs perspectives d’évolution et/ou de promotion au sein de l’entreprise. Ce double choix entre le droit légitime de protéger sa santé et son emploi est particulièrement difficile à prendre et mérite une réflexion approfondie.
Les conséquences financières et juridiques
Il ne faut pas sous-estimer les conséquences financières de la déclaration d’une maladie professionnelle.
D’un côté, la reconnaissance de la maladie permet d’accéder à des compensations financières (indemnités journalières, rentes…).
Mais de l’autre, ces aides ne compenseront pas forcément la perte de salaire si le salarié doit réduire son temps de travail ou s’absenter régulièrement pour des soins médicaux.
En outre, le processus légal qui entoure la reconnaissance d’une maladie professionnelle peut également générer des frais additionnels tels que la recherche de certificats médicaux ou l’expertise. Dans certains cas, les travailleurs doivent avoir recours à des procédures judiciaires pour se défendre contre un employeur, ce qui entraîne des frais non négligeables. Ces dépenses imprévues peuvent aggraver la situation financière du malade, en plus de fragiliser davantage sa santé.
Enfin, il convient de rappeler que les implications légales qui entourent la déclaration d’une maladie professionnelle peuvent être complexes. Les travailleurs doivent souvent naviguer dans un dédale de lois et de règlements, ce qui nécessite une solide compréhension de leurs droits et obligations ainsi que des procédures à suivre. Un manque d’information à ce niveau-là peut engendrer des erreurs coûteuses, voire mener à la perte de certains droits. De ce fait, le soutien d’un conseiller juridique ou même d’un syndicat peut s’avérer vital pour naviguer efficacement dans ce processus souvent déroutant pour les travailleurs.